Parle-nous de tes activités de bénévolat : à quels projets, initiatives as-tu participé et à quel titre ?
Je dirais que j’ai été impliqué dans « un peu de tout ». J’ai saisi toutes les occasions d’aider les gens et d’influencer la situation d’une manière ou d’une autre pour mettre fin la guerre. J’ai participé à des manifestations contre l’invasion de l’Ukraine devant l’ambassade russe, j’ai essayé de contribuer à plusieurs collectes d’aide humanitaire pour les Ukrainiens (en donnant de l’argent, des fournitures médicales, des réchauds à gaz portables, des générateurs diesel, des équipements et d’autres choses), j’ai servi d’interprète au centre d’accueil des réfugiés à Prague, j’ai essayé de diffuser des informations sur la guerre parmi les Russes, j’ai aidé les réfugiés à s’adapter en République tchèque, à trouver un logement et un emploi. Mais, bien sûr, il s’agit là d’activités plutôt sporadiques.
Qu’est-ce qui t’a incité à participer à ces projets ?J’étais submergé par mes émotions, je voulais faire quelque chose pour contrecarrer quelque peu chaque bassesse sanglante du côté russe.
Tes attentes ont-elles été satisfaites ?Au début, j’avais l’impression que les gens en Russie vivaient simplement dans l’ignorance, et que si on leur parlait, si on leur montrait les maisons détruites et les atrocités commises par l'armée russe, le vote contestataire augmenterait très rapidement et tout serait fini. J’étais très naïf. Je n’ai même pas réussi à convaincre mes propres parents qui vivent en Russie.
Qui est un exemple pour toi ?Beaucoup de gens essaient de faire des choses. Mais il y a des gens dont le dévouement est incroyable. Certains ont tout abandonné et se sont entièrement consacrés à l’aide aux personnes touchées par la guerre. Guéorgui Nourmanov est l’un d’entre eux. Il a fondé à Przemyśl la communauté volontaire « Russians for Ukraine » pour aider les réfugiés et les personnes restées en Ukraine. Après plus d’un an de travail acharné, il poursuit son action.
As-tu organisé des projets ou des actions ? Comment l'idée t'est-elle venue ?Le jour de l’anniversaire du début de l’invasion, nous avons organisé, avec d'autres Russes se sentant concernés, un rassemblement devant l’ambassade de Russie à Prague en mémoire des victimes de l’agression russe. Sur les murs de l’ambassade, nous avons installé des stands présentant les épisodes les plus tragiques de la guerre. Je voulais organiser cette action à cet endroit pour montrer que nous ne nous taisons pas, que nous nous opposons au mal commis par le régime de Poutine.
Quelles difficultés as-tu rencontrées ? Comment les as-tu résolues ?Toutes les difficultés techniques peuvent être résolues. La principale difficulté pour moi, comme je l’ai écrit plus haut, ce sont les personnes empoisonnées par la propagande russe. Et je n’arrive toujours pas à trouver un antidote, même pour mes proches.
Raconte-nous le moment qui t’a le plus marqué.Un réfugié ukrainien à Prague a avoué qu’il avait cessé de parler russe et qu’il détestait tout ce qui venait de Russie après le début de la guerre en 2014, et qu’il ne s’attendait pas à ce que ce soient des Russes qui l’aident à Prague. Il a dit que nous avions réussi à « faire fondre cette glace ».
Que retires-tu personnellement du bénévolat ? Pourquoi penses-tu que c’est important ?Je voulais en quelque sorte effacer la honte dans laquelle le régime de Poutine nous avait plongés. Le bénévolat aide à se concentrer sur les choses que l’on peut influencer, au lieu de sombrer dans la frustration et la dépression.
Le bénévolat demande beaucoup d’efforts et de force mentale, comment fais-tu face à l’épuisement émotionnel ? Où trouves-tu la force de continuer ?Je ne peux pas dire que j’ai réussi à y faire face :) Très souvent, il s’agissait de bouffées d’énergie en réponse aux carnages perpétrés par le régime de Poutine. Par ailleurs, en parlant avec des personnes touchées par la guerre et en voyant leurs problèmes, cela me donnait la force et l'envie de les aider.
Que peux-tu souhaiter aux volontaires en herbe ou à ceux qui veulent s’engager mais ne parviennent pas à se décider ?Je pense qu’il est peu probable que quelqu’un essaie simplement de surmonter son indécision. Beaucoup de volontaires potentiels ont eux-mêmes des problèmes de vie et manquent simplement d’énergie pour tout faire. Mais si quelqu’un a une barrière psychologique, je ferais part de l’observation suivante : en règle générale, il n’y a presque pas de mauvaises personnes parmi ceux qui aident les autres, c’est un bon environnement amical. Si vous êtes bloqué dans la frustration sans fin de ne pas pouvoir faire la différence, le volontariat vous apportera beaucoup de « petites victoires » qui font cruellement défaut en ce moment.
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